39. confinée en blackout

Ballades Confinées

"Face à mon blackout, que des retrouvailles de collège ont fait émerger : que faire ? Écrire, certainement. Mais quoi ? c'est alors que, poussée par une main invisible, je me dirige vers mon scriban, j’ouvre un tiroir, cette main invisible pilote sans tâtonner, précise et minutieuse. Mes doigts se faufilent à travers des dossiers en vrac, des carnets, vieux agendas et répertoires, des feuilles et des photos, ils savent ce qu’ils cherchent et qu’ils trouvent : une pochette rose-fané, qui contient des coupures de presse. Le Parisien, France Soir. Faits divers. Je lis le titre : XVIIè, après une dispute avec son épouse, un bijoutier tue ses deux enfants de 17 et 19 ans... Et j'entends une bande-son : Blackout, Bowie."

Faits divers, faits de société. Qui racontent l'indicible. Et beaucoup de soi. Sinon, pourquoi s'y engouffrer, pourquoi cette nécessité d'en faire un sujet obsessionnel d'écriture ? Mais alors : quoi, de soi ? Quoi d'indicible, de soi ?

Hélène Piralian, auteure et psychanalyste, dans une interview accordée à France Arménie, explique : « Tant que les faits ne sont pas reconnus par les descendants du génocide, la vie des descendants des rescapés est comme suspendue. » « L’existence d’un sujet dépend de ce qui lui a été transmis par ses ascendants. » « Les Arméniens qui vouent leur existence à la reconnaissance du génocide s’acquittent ainsi de cette dette. (…) Ils sont dévorés par cette nécessité, car elle est ce qui seul peut donner un fondement et un sens à leur existence. » « La génération qui nie fait porter inconsciemment le poids du passé à ses héritiers, il le lui transmet. » « Vous restez intérieurement une victime. » « L’héritier des rescapés ne perçoit le monde qu’à travers une relation bourreau-victime. » « Par peur de devenir bourreau, on reste victime. »

Et l'indicible devient la quête d'une vie. Que traduisent les faits divers et de société pour vous ?

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