34. Confinée à la banque

Ballades Confinées

"Nous décidons de prendre quelques jours de vacances ensemble, Nathalie J. et moi. Un week-end prolongé au Maroc. Je lui laisse le soin de tout organiser (je m’en remets souvent et totalement à autrui, quand il s'agit d'organisation dans l'intimité). Mon père propose de nous accompagner. Dans la voiture qui se profile vers l’aéroport d’Orly, Nathalie J. interroge :
- Elsa, t’es tellement tête en l’air, tu vis tellement dans ta tête, j’espère que t’as pas oublié ta carte d’identité !
- Bien sûr que non ! Je la lui tends, fièrement
- Mais Elsa : elle est périmée depuis dix ans !
- Fais voir ? ah oui !"

Je ne suis pas partie au Maroc. Mon passeport était lui aussi périmé. C'était sans doute encore une fois le destin. Quelqu'un veillait afin que la situation n'empire pas. De retour chez moi, ma banquière m'appelait. Mon compte était encore dans le rouge, ça ne pouvait pas continuer comme ça. Surtout qu'à l'époque, je gagnais vraiment bien ma vie. Lors de notre rendez-vous, alors que je pensais à mon amie Nathalie J. seule, sur une plage marocaine, ma banquière découpait ma carte bleue et me remettait une carte de retrait, comme les jeunes qui s'émancipent. Elle a mis en place un plan drastique de gestion de mes finances. Infantilisée, j'ai appris à gérer "ça" : la relation à l'argent, avec beaucoup de peine. J'ai fini par comprendre que l'argent, c'est la valeur que l'on se donne à soi, un attribut inhérent à l'image que l'on se construit de soi. Avoir de l'argent c'est accéder à une vie riche : épanouie. Une vie où l'on se projette à sa juste place.

Et vous, quel rapport entretenez-vous avec l'argent ?

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